2WD Trophy: Bruno de Wilde réalise son rêve de WRC à Ypres grâce aux potes de rallye

Watermerk BRC
17/08/2022
A 45 ans, le facteur de Strée, leader du 2WD Trophy, va rouler sur les traces de Thierry Neuville et des stars du WRC pour 4500 euros « All In » avec sa petite Honda Civic de 170 chevauxDans la famille de Wilde, c’est comme chez les Solberg : on est tous passionnés de sport auto. Il y avait d’abord le papy Thierry, ancien champion de Belgique de Course de Côte et vainqueur de la Coupe des Marques avec Audi aux 24H de Francorchamps 1975. Deux ans plus tard, son frère Philippe était le tout premier, 2ème à Croix-en-Ternois en moins de 1600cc, à faire monter une Golf GTI sur un podium. Olivier a disputé une cinquantaine de courses (42ème général et 2ème de classe aux 24H du Nürburgring) en tant que journaliste de sport auto pour le quotidien sportif La Dernière Heure Les Sports. Son fils Ugo est aujourd’hui pilote pro en proto LMP2, tandis que sa fille Luna est attachée de presse du team GT3 Madpanda Motorsport. Mais ce n’est pas fini, il y a encore Bruno, le cousin, fils de Philippe. Né à Strée, sur une des spéciales du Condroz, ce facteur de 45 ans, papa de trois filles (sa plus grande Louisa a débuté en tant que copilote il y a deux mois), est lui passionné de rallye. Ecumant les spéciales provinciales depuis une dizaine d’année en BMW 325i puis avec sa petite Honda Civic VTEC rouge et blanche de 170 chevaux, il a franchi cette année un pas en s’attaquant à l’échelon national au nouveau 2WD Trophy, le remplaçant du Critérium réservé aux deux roues motrices de moins de deux litres roulant en pneus conventionnels. Et à mi-championnat, grâce à leur régularité et à la fiabilité de leur monture japonaise, Bruno et son équipier Johan Cuyvers sont leaders. « C’est totalement inattendu, » confie Bruno de Wilde. « Car on roule vraiment avec des petits moyens. Une épreuve d’un jour nous coûte 1500 euros au grand max engagement compris. » Impossible à ce tarif-là de rouler à Ypres, surtout quand ils ont appris en mars que l’épreuve serait à nouveau reprise à l’échelon mondial. « Ce serait resté un rêve pour nous sans l’aide de mon cousin qui a lancé l’idée d’un Crowdfunding comme il avait déjà fait pour Ugo, » poursuit le facteur le plus express du royaume. «Le but était de créer le Club 50, cinquante amis, supporters nous soutenant pour 50 euros en échange de leur nom sur notre voiture. Il y avait en outre une trentaine de sympathiques lots à gagner comme des baptêmes à côté de Johan ou moi, mais aussi d’Ugo, des entrées au rallye ou même au GP de Belgique F1. Au final, en dix jours, une septantaine de personnes a adhéré à notre projet. Je n’en revenais pas. C’est fou, nous voilà embarqués à Ypres grâce à tous nos potes de rallye. Sur cette épreuve mythique que je suis en spectateur depuis vingt ans en dormant dans l’auto avec mon père. » Avec un budget total, y compris le logement, l’essence, les pneus, l’assistance et l’engagement bien sûr de 4500 euros, sans doute le plus mini du plateau. Bien loin des 150 ou 200.000 des ténors du WRC. «Et avec cela, on a même prévu quelques bières à l’assistance pour remercier nos nombreux donateurs, la plupart ayant également acheté notre t-shirt officiel, » sourit Bruno vivant un rêve éveillé depuis lundi. « Je découvre un autre monde. Je remercie mon ami Loïc Dumont, l’équipier de Tom Rensonnet, qui nous sert de guide et nous donne pas mal de tuyaux car un WRC c’est autre chose. On a dû louer pour 130 euros (ce qui n’était pas prévu, zut) le boitier pour contrôler notre vitesse limitée à 70 km/h en reconnaissances. On doit aussi installer un autre boitier dans l’auto de course jeudi. Notre assistance n’arrivant que vendredi matin, on se fera aider par l’équipe SXM de Jourdan Serderidis. L’esprit rallye existe vraiment. » La première journée de recos s’est déroulée comme dans un rêve. « Cerise sur le gâteau, un ami sponsor d’Ugo m’a prêté sa Toyota Yaris GR pour reconnaître. Je dois être le seul au monde à reconnaître avec une caisse plus puissante et performante que son auto de course. Quand je vois Patrick Snijers avec sa petite Citroën, je rigole. Du coup, tout le monde me fait signe car on me prend pour un pilote officiel Toyota. Thierry Neuville m’a dit bonjour comme d’autres pointures du Mondial. Il y a déjà beaucoup de monde et d’ambiance. Les gamins m’attendent en fin de spéciale et sont surpris quand ils voient ma tête. Non, je ne suis pas Kalle Rovanpera mais le numéro 218 ! » Un bon spaghetti bolognaise préparé par Tamara au gîte et c’est reparti ce mercredi pour une deuxième journée au milieu du gratin mondial. « Il faut être bien organisée car le rythme des reconnaissances est soutenu. Vous ne pouvez pas faire ce que vous voulez. Hier, pour le deuxième passage à Reninge, on est sorti tout juste avant la limite horaire. On doit faire attention à tout, surtout aux BIP quand vous dépassez les 70 km/h car à partir du 3ème BIP c’est 9 euros par infraction. On m’a raconté que l’an dernier, un amateur local qui n’a pas fait attention en est arrivé à 5000 euros d’amende, soit l’équivalent de notre budget pour finir la saison et essayer d’être champion en 2WD Trophy. » Dans cette optique, Ypres constitue une étape importante. « Comme c’est la course la plus chère de l’année, beaucoup de nos concurrents ont fait l’impasse. Seul le régional Tsjoens et Guillaume Detrait sont là avec leur Clio. Je connais les difficultés du Westhoek. On va essayer d’abord de rester sur la route et de profiter du faible plateau en 2WD pour marquer des gros points. Si on réussit à aller au bout, on devrait pouvoir monter sur le podium. On ne peut en tout cas pas se permettre un accident car on n’en a pas les moyens et puis Roulers arrive deux semaines après. On va donc croiser les doigts et surtout prendre un maximum de plaisir en passant sur les spéciales 2h20 environ après Thierry Neuville et Kalle Rovanpera que je parviens à suivre seulement… en reconnaissances !  Merci à Bernard et tous nos amis. On fera tout pour aller au bout de notre rêve et faire une grande fête samedi soir.»